2009
Les deux premières représentations de Dialogue à un se sont déroulées à l’Auditorium de la Cité du design de Saint-Étienne, dans le cadre de son inauguration et de l’exposition Who’s Afraid Of Design les 3 et 4 octobre 2009. Une ultime représentation a eu lieu à l’IAC — Villeurbanne, dans le cadre des Galeries nomades le 29 octobre 2009.
Dialogue à un est un texte et sa mise en pièce. C’est une lecture, faite par trois comédiens, fonctionnant par pièces, pièces de poésie accompagnées de pièces de design et de pièces sonores. Celles-ci font partie d’un ensemble, ont été pensées dans un ensemble mais sont douées d’autonomie. Ces pièces de texte sont autant de fragments de vie de personnages en quête de communication réelle et directe, cherchant un langage plus imprévisible qui se réinventerait à chaque instant.
Donner une forme visible à l’écriture et l’organiser dans un espace est le travail du designer graphique. Dialogue à un hérite des mêmes contraintes mais les déplace dans un autre medium. Comment le savoir-faire, les intérêts, les interrogations et les expériences du designer graphique peuvent-ils s’appliquer au spectacle vivant ? Voici la question qui guide la mise en espace, la mise en voix et la mise en pièce de Dialogue à un.
Texte : Fabrice Sabatier
Comédiens : Chloë Bouchet, Johana Le Scornet, Gilles Sabatier
Design sonore : Alto Clark
Mise en espace et dispositifs numériques : .CORP
Chapitre 1 : Cartographie. Où l’on tente de repérer le trajet de Femme A jusqu’à B. (extrait)
Femme A – Je suis allée d’un point A à un point B.
Homme – Cela semble évident.
Femme B – Précis, droit comme une incision au scalpel.
Femme A – Je suis partie donc de A.
Homme – A est une lettre, un signe abstrait que l’on utilise pour nommer théoriquement un lieu.
Femme B – Un espace réduit à son unité minimale.
Homme – L’allongement de A dans un axe formera une droite, un trajet si l’on admet la dimension temporelle.
Femme A – Je suis allée de A à B.
Femme B – Elle n’a pas de plan.
Femme A – Je n’en avais pas plus sur n’importe quel point compris entre A et B.
Homme – Soit A et B, donc, deux points distincts.
Femme B – De A à B à qui elle enlève une unité, elle ne voit pas B.
Homme – Elle ne sait pas où est le point où le trajet s’arrête.
Femme A – À B, je suis morte.
Homme – C’était le jeu.
Femme B – Colin-maillard.
Homme – Soit le segment ayant pour origine Alpha et se dépliant jusqu’à Bêta.
Femme A – Alpha se situe dans la zone H du segment [AB], à une unité de B.
Femme B – Son enfant [Alpha, Bêta] est quasi mort né.
Homme – Donc, à la suite de ce croisement, [AB] sera composé de pointillés.
Femme B – La couche Alpha n’aura rien illuminé.
Homme – [Alpha, Bêta] est aussi nommé Élément Zéro étant de valeur négligeable dans cette configuration et selon mon point de vue.
Femme B – B est le point d’arrivé de [AB] mais sera le point de départ de [Bn).
Homme – Considérons n comme indéterminé puisque pas fini de tracer.
Femme B – Je pars du point B dans la direction de n.
Femme A – Ensuite une pente folle m’a précipitée vers mon point de chute.
Homme – Ici, gît [AB].
Femme B – Le B l’a emportée.
Homme – À une vie segmentée.
Femme B – Regrets infinis, signé [Bn).